Κυριακή, Απριλίου 03, 2011

Η ΠΟΙΗΣΗ ΤΟΥ ΚΟΣΜΟΥ

Albert Samain
 (1858-1900)
[Γάλλος κατά βάση συμβολιστής ποιητής, 
από τους σημαντικότερους όμως εκπροσώπους
της... "παρνασσιακής" σχολής. Η ποίησή του ιδιαίτερα
εκφραστική, πλημμυρισμένη από μελαγχολική διάθεση.
Ο Σαμέν είναι ο επανιδρυτής της σημαντικής εφημερίδας
και φιλολογικού περιοδικού Mercure de France]
 
"Cléopâtre"
  (Πρώτη δημοσίευση: Mercure de France, t. III, n° 19, juillet 1891, p. 9)
I

Accoudée en silence aux créneaux de la tour,
La Reine aux cheveux bleus serrés de bandelettes,
Sous l'incantation trouble des cassolettes,
Sent monter dans son cœur la mer du sombre amour.

Immobile, sous ses paupières violettes
Elle rève pâmée aux fuites des coussins ;
Et les lourds colliers d'or soulevés par ses seins
Racontent sa langueur et ses fièvres secrètes…

Un adieu rose flotte au front des monuments.
Le soir, velouté d'ombre, est plein d'enchantements,
Et cependant qu'au loin pleurent les crocodiles,

La Reine aux doigts crispés, sanglotante d'aveux,
Frissonne de sentir, lascives et subtiles,
Des mains qui dans le vent épuisent ses cheveux.

II

Lourde pèse la nuit au bord du Nil obscur.
Cléopâtre, à genoux sous les astres qui brûlent,
Soudain pâle, écartant ses femmes qui reculent,
Déchire sa tunique en un grand geste impur,

Et dresse éperdûment sur la haute terrasse
Son corps vierge gonflé d'amour comme un fruit mûr.
Toute nue, elle vibre ! Et, debout sous l'azur,
Se tord, couleuvre ardente, au vent tiède et vorace.

Elle veut — et ses yeux fauves dardent l'éclair –
Que le monde ait ce soir le parfum de sa chair !
O sombre fleur du sexe éparse en l'air nocturne…

Et le Sphynx immobile aux sables de l'Ennui
Sent un feu pénétrer son granit taciturne ;
Et le désert immense a remué sous lui.

Cleopatra
by: Albert Samain (1858-1900)
translated by: Jethro Bithell



I
LEANING in silence on the tower-rampart,
The Queen, whose blue hair a silk fillet spans,
In the troubled incense of perfuming-pans,
Feels, Love immense, thy sea mount in her heart.

On the piled, falling cushions of her seat
With violet eyelids moving not she rests;
The collars of thick gold heaved by her breasts
Betray her silent, languorous fever-heat.

A rose farewell floats on the pyramids,
Eve droops a shadow from his velvet lids;
And while afar the crocodiles are weeping,

Clenching her fingers, sighing into the air,
She shakes to feel lascivious and creeping
Hands, which in the wind exhaust her hair.
II
The heavy night weighs the dark River down ...
The Queen, beneath the stars upon one knee,
Suddenly pale while all her women flee
With unchaste gesture open rips her gown.

On the high terrace desperately she shows,
Love-swollen like a falling fruit, her lithe,
Her virgin body that does naked writhe
In the warm and greedy wind, a snake that glows.

She wills, and her wild eyes dart lightnings white,
That the scent of her flesh upon the world be blown ...
O sombre sea-flower scattered on the night!

And the dumb Sphinx feels in his stubborn stone,
Upon the weary sands, a fire awaken;
And the vast desert under him has shaken.



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